Conférence de lancement du « Comité franco-allemand pour la tolérance et la coexistence : Contre l’antisémitisme et les discours de haine »

Le 22 janvier 2024 au Bundestag à Berlin les dirigeants du Projet Aladin et de l’Institut allemand des Accords d’Abraham (AAI) ont lancé le « Comité franco-allemand pour la tolérance et la coexistence : Contre l’antisémitisme et les discours de haine ».

Ce Comité, composé de personnalités du monde politique, culturel, universitaire, artistique, est coprésidé par Leah Pisar et Joël Herzog du Projet Aladin ainsi que par l’ancien Ministre-Président de Rhénanie-du-Nord-Westphalie et député au Bundestag, Armin Laschet (CDU).

Dans son discours d’ouverture, Armin Laschet a noté que les organisateurs avaient choisi la date du 22 janvier 2024 pour le lancement de leur initiative car cette date marquait le soixantième anniversaire du Traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne. « Comme Jean Monnet l’avait déjà compris en 1943 à propos des relations franco-allemandes : Nous ne pouvons pas changer l’Humanité, mais nous pouvons changer le comportement de l’Humanité en transformant la confrontation en reconnaissance mutuelle, » a dit Armin Laschet.

Leah Pisar, ancienne conseillère du Président Clinton à la Maison Blanche, s’est dit émue par le lancement de cette initiative à Berlin quelques jours avant le soixante-dix-neuvième anniversaire de la libération d’Auschwitz, où son père, Samuel Pisar, avait été déporté. Et elle a affirmé :« L’explosion de l’antisémitisme, du racisme et de la haine en Europe depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 et de la guerre à Gaza exige un nouveau niveau de réponse de la part de l’Union européenne, des États membres et de toutes les parties prenantes concernées. » En réitérant l’importance d’une mobilisation générale pour contrer la haine par le biais de l’éducation, Leah Pisar a conclu avec une phrase de Jean Monnet : « C’est précisément lorsque la guerre fait rage qu’il faut œuvrer sans cesse pour la paix. »

La conférence de lancement du Comité franco-allemand a réuni de nombreuses personnalités, notamment  Christian Wulff, ancien Président de la République fédérale d’Allemagne ; Rita Süssmuth, ancienne présidente du Bundestag ; Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, la coordinatrice de la campagne contre l’antisémitisme en Rhénanie-du-Nord Westphalie et ancienne ministre fédérale de la Justice ; Otto Fricke, membre du Bundestag ; le Baron Éric de Rothschild, cofondateur du Projet Aladin et Président du Mémorial de la Shoah ; Bülend Ürük, ancien porte-parole du parti CDU en Allemagne ; Jean-Marc Lieberherr Monnet, cofondateur et Président de l’Institut Jean Monnet ; et Elsbeth Muller, ancienne directrice de l’UNICEF. Les ambassadeurs d’Israël et d’Azerbaïdjan ont également participé à cette conférence et les ambassadeurs du Bahreïn et des Émirats arabes unies étaient représentés par leurs conseillers.

Pour sa part, Jean-Marc Lieberherr Monnet, se basant sur les écritures de son grand-père pendant et après la Deuxième guerre mondiale, a souligné que sa vision d’établir la paix et la réconciliation durables entre deux peuples après des siècles de conflit et de confrontation n’était pas limitée au continent européen. Il a fait part de la volonté de l’Institut Jean Monnet d’entamer une coopération stratégique avec le Comité franco-allemand.

Joel Herzog, Président du Projet Aladin Suisse, a remercié Armin Laschet et Eric de Rothschild pour avoir posé les bases de cette nouvelle initiative. Il a noté l’importance de l’éducation car, selon lui, une paix durable et juste ne pourrait pas être construite sur les mensonges ou sur la haine, et l’éducation est le seul antidote contre ces fléaux.

L’ancienne ministre allemande de la Justice, Sabine Leutheusser-Schnarrenberger, a donné plusieurs exemples de son travail contre l’antisémitisme et la haine au ministère de la Justice et aujourd’hui dans la région de Rhénanie-du-Nord Westphalie, concluant qu’informer les jeunes et les rendre résilients contre le virus de la haine, de l’antisémitisme et de la xénophobie devrait être parmi les priorités de tous les gouvernements européens.

Abe Radkin, le Secrétaire général du Comité franco-allemand, a dévoilé les trois projets d’envergure qui seront menés par le Comité et ses partenaires, à savoir :

– Un programme pour les échanges universitaires au Moyen-Orient et l’Afrique du Nord pour les étudiants et les chercheurs, modelé sur le programme européen Erasmus.

– Un programme de formation des enseignants et des éducateurs pour sensibiliser les écoliers et les jeunes adultes sur la désinformation en ligne, les théories du complot et les discours de haine en étroite collaboration avec les ministères de l’Éducation et la Commission européenne.

– Un partenariat entre les clubs de football, l’UNESCO, la FIFA et le Comité franco-allemand pour informer les jeunes supporters des ravages du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie.

Dans son discours de clôture, Éric de Rothschild a mis l’accent sur la nécessité de mobiliser les gouvernements et les institutions européennes pour investir davantage dans l’enseignement à la tolérance et contre les intolérances. Il a déclaré que « les défis devant nous, l’ampleur de la haine et de l’intolérance, semblent insurmontables mais notre pari est sur l’éducation et le dialogue, et je suis convaincu que la fusion des forces de ces deux organisations créera une nouvelle dynamique. »

Sur la photo, de gauche à droite, Éric de Rothschild, Leah Pisar, Joël Herzog et Armin Laschet.