Le Projet Aladin a organisé à Istanbul, le 19 juillet 2023 un séminaire international de sensibilisation sur les leçons à tirer de l’Holocauste. Avec la disparition de la dernière génération de survivants et de leurs témoignages, il est urgent de transmettre leur mémoire afin de ne jamais oublier la Shoah, l’une des pages les plus sombres de l’Humanité.
Parmi les intervenants de ce séminaire animé par Abe Radkin figuraient Leah Pisar ; S.E. Jamal Khokhar, Ambassadeur du Canada en Turquie ; Metin Delevi, représentant de la délégation turque à l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (IHRA) ; Yves Kugelmann, coprésident du Projet Aladin, rédacteur en chef de l’hebdomadaire Tachles et membre du conseil d’administration du Fonds Anne Frank et Lord Wolfson of Tredegar, membre de la Chambre des Lords, ancien sous-secrétaire d’État britannique à la Justice.
Leah Pisar a ouvert la discussion en parlant de la responsabilité des enfants des survivants de l’Holocauste. Ainsi, elle a évoqué le travail crucial de son père Dr. Samuel Pisar, l’un des plus jeunes survivants des camps de la mort, qui a consacré sa vie à lutter contre toutes les formes de discrimination et à réfuter le concept d’ennemis héréditaires. Leah Pisar a déclaré que l’histoire nous a appris que « l’animal humain est capable du meilleur comme du pire, que l’impensable reste possible ». En effet, Samuel Pisar « a vécu l’enfer et en est sorti optimiste », selon Abe Radkin, qui a encouragé le public à se souvenir de cette extraordinaire capacité à espérer en dépit des circonstances.
Ce faisant, l’éducation a été l’un des principaux points de discussion de nos intervenants. Metin Delevi a expliqué qu’une grande partie des jeunes du monde entier ignorent le nombre de victimes et les réalités de cette tragédie. Il a ainsi rappelé l’urgence d’enseigner l’Histoire de l’Holocauste à la jeune génération.
Yves Kugelmann a poursuivi en soulignant la montée inquiétante du négationnisme aujourd’hui, et ce dans toutes les sociétés, notamment en raison des difficultés à enseigner à l’ère numérique. Ainsi, Yves Kugelmann a expliqué que les décideurs politiques et les éducateurs sont confrontés au défi d’enseigner l’Holocauste tandis que la désinformation est omniprésente en ligne. Ce « virus de la haine », selon les mots de Leah Pisar, conduit à une augmentation de la violence. En effet, elle a expliqué que la banalisation de la violence en ligne mène à ce que le laps de temps entre les propos violents et le passage à l’acte soit de plus en plus court, d’où la nécessité de sensibiliser les étudiants aux discours antisémites, racistes et xénophobes, et prévenir la violence et les autres manifestations de haine.
En outre, Lord Wolfson a souligné que l’une des principales leçons de l’Holocauste est qu’il peut se produire n’importe où, quel que soit le niveau de développement du pays. La vigilance est donc essentielle pour tous les citoyens et décideurs politiques. Il a également déclaré que tous les peuples qui souffrent méritent la « dignité de la différence » : si des leçons communes peuvent être tirées, chaque situation doit être traitée comme unique.
Enfin, S.E. Jamal Khokhar a mis en exergue l’importance du travail de mémoire, afin de ne jamais oublier la futilité de la violence. Son Excellence a rappelé que l’une des leçons de l’Holocauste est que la protection des minorités est la véritable mesure d’une société juste. C’est en veillant à ce que chaque minorité soit respectée et défendue par nos institutions que nous pouvons réellement apprendre de la Shoah, selon Jamal Khokhar.
Ainsi, Abe Radkin a conclu le séminaire en rappelant l’importance cruciale de l’éducation et de la sensibilisation à la Shoah dans un présent marqué par la montée des extrémismes.